La reine Boadicée (Boadicea, Boudicca), est un personnage du folklore britannique. Bien qu'elle ait existé, la plupart des informations à son sujet relèvent de la légende. Au premier siècle de notre ère, cette femme de roi, de la tribu Iceni, s'est levée pour combattre les envahisseurs romains.
Les sources
Le sénateur et chroniqueur Dio Cassius donne un premier portrait de Boadicée : elle serait, comme toutes les femmes galloises, grande, fortement charpentée, avec un air maussade et une longue chevelure rousse. Sa voix est particulièrement décrite comme grave et rude, une voix rauque d'homme, reflet du rôle non-féminin qu'elle cherche à remplir.
L'historien Tacite, contemporain de Boadicée, lui prête une naissance royale dans le comté actuel d'East Anglia. Elle est la mère de deux filles et la femme du roi Prasutagus qui laisse, à sa mort, la moitié de son royaume aux romains et l'autre moitié à ses filles, donc à sa femme régente. Mais le représentant de l'empereur sur place, Catus Decianus, ne se satisfait pas de ce partage et ordonne à ses troupes d'envahir le territoire d'autres nobles britanniques en provoquant le plus de carnages possible afin de briser la fameuse fierté du peuple Iceni. La famille que laisse Prasutagus subit sa part de violence : Boadicée est fouettée en place publique et ses filles sont violées. Les extraits ci-dessous sont tirés du livre IV des Annales de Tacite.
Ses propriétés (à Prasutagus) furent ravagées par les centurions; les soldats pillèrent sa maison, et ses effets furent saisis comme butins de guerre. Sa femme, Boudicca, subit l'humiliation de cruels coups de fouet ; ses filles furent violées, et les plus illustres parmi les Iceni furent forcés de renoncer aux statuts qui leur avait été transmis par des générations d'ancêtres. La région entière était considérée comme un héritage légué aux carnassiers.Ces brutalités rallient les populations, c'est-à-dire sa propre tribu et d'autres, derrière la reine.
Les tribus voisines, qui n'avaient pas encore appris à ramper sous les fers, se jurèrent, au sein de conseils secrets, de se dresser pour défendre leur liberté.
![]() |
Vitrail du Colchester Town Hall |
Boudicca dans son char, avec ses deux filles devant elle, roula dans les rangs. Elle harangua les différentes tribus de cette façon : "Ce n'est pas la première fois que les Britanniques sont menés au combat par une femme. Mais aujourd'hui elle n'est pas venue pour afficher l'orgueil d'une ancienne lignée, pas plus que pour récupérer son royaume et la richesse familiale qui lui a été volée. Elle s'engage sur le champ de bataille, comme la plus petite d'entre elles, pour affirmer la liberté de tous, ainsi que pour venger son corps lacéré par les ignobles coups de fouet et ses deux filles horriblement violées. Pour les Romains orgueilleux et arrogants, rien n'est sacré ; tout peut être profané ; le vieillard endure le fléau, et les vierges sont déflorées. Mais à présent les dieux vengeurs sont proches. Une légion romaine a osé affronter les Britanniques guerriers : ils paieront leur imprudence de leur vie ; ceux qui survivront au carnage d'aujourd'hui seront ceux qui seront restés couchés derrière leurs retranchements, ne pensant à rien sauf à sauver leur vie par une fuite ignoble. En entendant le vacarme alors que nous nous préparons, en entendant les cris de l'armée britannique, les Romains reculent de terreur dès maintenant. Comment se sentiront-ils quand le moment de l'assaut sera venu ? Regardez autour de vous, voyez comme vous êtes nombreux. Regardez le fier étalage de ces esprits guerriers, et pensez aux motifs qui nous font brandir l'épée vengeresse. Ici, nous devons conquérir ou mourir avec honneur. Il n'y a pas d'alternative. Bien qu'étant une femme, ma décision est prise : les hommes, s'ils le préfèrent, peuvent toujours survivre avec la honte et dans l'esclavage."
![]() |
Boadicée haranguant les Britanniques, gravure de William Sharp d'après la peinture de John Opie, 1793, National Portrait Gallery |